Lettre mail reçue de Monsieur Charles Guillet
Je ne suis pas natif de Pruniers, mais j'y venais tous
les ans en vacances chez mes Grand-Parents entre les années 1946
et 1960. Et pour moi, natif de la ville qui vivait toute l'année
en appartement, sans jardin, Pruniers c'était le paradis, la
liberté, la nature, la joie de vivre...Cette liberté
commençait dès que, depuis la micheline nous apercevions nos
Grands-Parents sur le quai de la gare. Et là, tout les voyageurs
savaient que nous étions attendus.....!!!Et, juchés ( ma soeur
et moi) sur les portes bagages des vélos de nos Grands-Parents,
c'était ensuite le retour de la gare à la maison. Une longue
marche pour nos Parents et Grands-Parents qui eux allaient à
pieds. Nous passions devant le Chalet, puis la Berrerie de M.
Audemar, le pont, l'Eglise. Ensuite nous dépassions la
Charcuterie de M Carré qui faisait un si bon jambon, tellement
meilleur que celui de la ville...Mes Grand-Parents (Motrot)
habitaient la maison à côté du maréchal ferrand (M. Bouquin).
Une partie de ma famille maternelle habitait au pays. Il y avait
mon oncle Gaston Fournial, adjoint au Maire qui vivait avec ma
tante Isabelle dans une maison du Prieuré, il y avait mon oncle
Henri Lépine qui avec ma tante Maria, tenait le café-restaurant,
tabac, coiffeur. Il y avait aussi mon oncle Léon et ma tante
Louise Bernier, qui faisait du fromage de chèvre et chez qui j'allais
arracher les asperges ou écosser les haricots secs. Il y avait
un vieux voisin (quand on est petit on trouve souvent les adultes
agés), M Berlu qui passait tous les jours devant la maison des
mes Grands-Parents avec son éternel chapeau de paille et sa
brouette et qui nous donnaient de succulents petites poires qu'il
venait de ramasser et cueillir dans un jardin. Il y avait M.
Simon qui habitait une grande maison, presque en face de mes
Grands-Parents (la Cure?) qui fabriquait des chemises, et ou
étaient employées comme couturières, mes cousines Claudine et
Lucette Fournial. Il y avait Mme Andrée Bonsigne l'épicière, M.
Guilpain le boulanger, M. Roger Lambert le menuisier, M. Carré
le charcutier, chez qui nous allions aussi chercher des asticots
pour la pêche et qui avait un écureuil dans une cage dans la
cour... Il y avait les séances de cinéma en plein-air , une
fois par semaine je crois, dans la cour du café de l'oncle
Lépine. Il y avait les fêtes autour du 14 Juillet, le mat de
Cocagne, les courses en sacs, tout un tas de jeu auxquels nous
participions avec les autres enfants du village (grâce à notre
oncle Fournial), le feu d'artifice et le bal dans la salle des
fêtes en planche.Je me rappelle y avoir fait le clown un après-midi
de 14 Juillet et avoir fait rire une bonne partie des présents.
Il y avait les baignades à "la plage" au pont, qui
était le lieu de rencontres des gamins et des Mamans qui
discutaient à l'ombre de la haie. Mais cet endroit servait aussi
de lavoir, et il n'était pas rare de voir une femme y venir
laver son linge qu'elle entassait dans une brouette... Il y a eu
cette carpe de 29 livres que mon Père pêcha un jour d'été
1951 dans la Sauldre, à la Fosse-Reuilly, un peu avant Saugirard,
et qui attira les journalistes locaux dans la cour de la maison.
Elle fut ensuite découpée en morceau et distribuée à ceux qui
en voulait. Une photo de cet "inoubliable exploit" fut
longtemps exposé dans le café du Chalet. Il y avait les copains
que je retrouvais tous les ans, les parties de pêches (des
perches-arc-en ciel pour mettre dans mes aquariums , à la ville),
les pétards que nous faisions sauter dans les pots de fleurs de
la tante Maria. Mais surtout mes vacances étaient rythmés par
le travail de M. Bouquin : le matin dès le réveil, je me
précipitais dehors pour sentir l'air. S'il y avait l'odeur de la
corne, je me précipitais à la forge pour "aider" M.
Bouquin en tirant le soufflet. Quand il allait livrer le gaz, ou
dépanner quelqu'un, il ne manquait jamais de m'emmener dans sa
Dauphine ou en vélo quand j'ai été plus grand. J'ai ainsi
découvert toutes les fermes et chateaux de la commune : la
Barrillère, La Rigaudière, Chêne Moreau.... J'ai tant de
souvenirs et d'anecdotes sur cette période merveilleuse, que je
pourrais en parler pendant des heures....Tous ces souvenirs et
pleins d'autres ressurgissent à la vue des photos du site.
Beaucoup de nostalgie de ces temps à jamais disparus, de ces
copains perdus de vue, de toute cette partie de ma famille qui s'est
éteinte doucement, mais en même temps un intense plaisir à
retrouver ces lieux, pour moi, emplis de bonheur et de magie.
Alors pour tout ça, je vous dis bravo et merci.
J'ai tant de merveilleux souvenirs de cette petite commune et de
ses habitants. Si je vous disais que, même maintenant, âgé de
64 ans, il m'arrive toujours de rêver de Pruniers et de la
maison de mes Grands-Parents. En 1962, après qu'il fut question
de réquisitionner les maisons secondaires pour les réfugiés de
la Guerre d'Algérie, et craignant de voir leur seul capital
disparaître, mes Parents se sont résignés, bien à contre-coeur,
à vendre la maison. (Mon Grand-Père était décédé en 1960,
et ma Grand-Mère en 1957.) Nous avons tous souffert de cette
vente. Et personnellement, j'ai vécu cela comme une immense
privation de liberté. Mes Parents ont racheté quelques années
plus tard, en Normandie (plus près de notre résidence
principale) une autre maison de campagne...Mais jamais, jamais,
je n'ai retrouvé cette ambiance, cette insouciance, ces odeurs,
ces amitiés, et surtout cette impression de liberté que je
ressentais à Pruniers.
Cordialement Charles GUILLET
Et si vous avez quelques minutes, je serai bien content d'avoir
quelques nouvelles de Pruniers, et de ses habitants. Je ne sais
pas quel age vous avez et si vous avez connu Pierrot et Vivi (???)
Hebert qui vivaient dans un préfabriqué à la sortie de
Pruniers sur la route de Romo, Micheline Carré... Et puis il y
en a eu d'autres, car nous étions copains avec tous les enfants
du village...Mais malheureusement, je ne me rappelle plus de leur
nom... Mais je donnerais cher pour avoir des nouvelles des
enfants de ma génération qui vivaient à Pruniers à cette
époque....