Bombardements
1940-1944
Extrait du
bulletin spécial "Romorantin sous l'occupation"de la
Société d'Art, d'Histoire et d'Archéologie de Sologne
14, rue de la Résistance 41200 Romorantin Tel : 02 54 76 22 06
Bombardement du camp de Pruniers, 25 mai 1940
Monsieur Roland Auger relate dans son livre "Journal de guerre d'un non combattant" (éditions Le Clairmirouère du temps, 1992) le bombardement du camp de Pruniers le 25 mai 1940 vers 16h par 18 bombardiers allemands. Des Stukas auraient causé des dégats très importants aux hangars et installations. 152 bombes furent lâchées et huit soldats français, servants à la D.C.A. furent tués. Le soir même, un bombardier allemand revint larguer huit bombes sur la base. Ces destructions expliquent à elles-seules les pesantes réquisitions allemandes d'ouvriers du bâtiment en juillet 1940.
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Bombardiers allemands et Stukas |
Bombardement du camp de Pruniers le 15 juin 1940
Monsieur Roland Auger précise dans son livre, "Journal de guerre d'un non combattant" (éditions Le Clairmirouère du temps, 1992), que 17 bombardiers ont encore occasionné des dégâts importants aux installations de la base vers 13h. Il n'y eut pas de victimes. L'effet de surprise n'a pas joué comme la première fois car une partie du matériel avait été évacuée. La D.C.A. avait reçu du renfort et des chasseurs de la base, une patrouille polonaise équipée de Morannes 406 avait eu le temps de prendre l'air. Quatre appareils ennemis furent abattus, un par la D.C.A. et trois par la chasse. Les journaux locaux ne paraissant plus, nous n'avons aucun autre témoignage sur ces deux bombardements du camp de Pruniers. Or, un document retrouvé dans les archives municipales ne concorde pas avec les souvenirs de Roland Auger. Sur une liste de ictimes militaires inhumées à Romorantin, figurent la date et le lieu de décès. Le 5 juin 1940, 12 militaires seraient décédés à Pruniers : Melchior Chorlet, Roger Fourrier, Jacques Guyon, André Jacob, Emile Kempf, Roger Mardon, André Mikkes, Bernard Moisan, Anatole Negrerie, Jean Perales, Robert Poux et Joseph Rudo. Deux autres le lendemain : Albert Bauzon et René Dalhem.
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Moranne 406 polonais |
Bombardement du camp de Pruniers le 10 avril 1944
Pendant l'alerte déclenchée de 9h55 à 11h05, le
camp de Pruniers a été successivement mitraillé et bombardé
par des appareils d'origine anglaise. Chasseurs et bombardiers,
en très grand nombre, sont passés au-dessus de Romorantin (source
: archives départementales du Loir-et-Cher).
Le 11 avril 1944, le maire de Romorantin adresse un rapport au
préfet : "Le camp de Pruniers a été touché par des
bombes incendiaires et explosives lancées par une formation d'une
cinquantaine d'appareils à deux reprises. Sur la demande des
autorités allemandes, les sapeurs pompiers de Romorantin se sont
transportés au camp de Pruniers afin de prêter leur concours au
service de secours. Le second bombardement s'étant produit alors
que les pompiers se trouvaient sur place, je me suis rendu moi-même
sur les lieux. J'ai pu constater ainsi la bravoure et le sang
froid de nos jeunes et vaillants sapeurs qui, sous les ordres du
capitaine Cuisinier et du lieutenant Huet, ont eu une conduite
exemplaire. Nous n'avons pas à déplorer de victimes civiles,
même parmi les ouvriers des entrprises travaillant pour l'autorité
allemande. Les réservoirs à alcools se trouvant sur le
territoire de la commune de Gièvres ont été incendiés."
Le 9 avril 1944, le préfet adresse ses félicitations pour
bravoure et sang froid aux sapeurs pompiers sous les ordres de
Cuisinier et Huet. Le 20 avril 1944, la Feldkommandantur de Blois
exprime sa reconnaissance pour l'intervention énergique et
courageuse des sapeurs-pompiers qui a pris une part active aux
travaux d'extinction de l'incendie au moment du bombardement.
Bombardement du camp de Pruniers le 30 avril 1944
Vers 12h15, (source : archives départementales du
Loir-et-Cher), des avions de chasse ont survolé le camp de
Pruniers. Des bombes ont été lancées. Le commissaire s'est
rendu sur les lieux à la fin de l'alerte avec l'adjudant de
gendarmerie. Sept bombes explosives ont été lancées sur le
camp. Une bombe est tombée sur le bord de la route, à l'entrée
du camp (baraquement à droite de l'entrée du camp), une autre
est tombée à 550 m plus loin sur le milieu de la route de
Romorantin à Selles. Tous les fils téléphoniques et
électriques ont été coupés.
Bombardement du camp de Pruniers et du camp des Landes le 4 juin 1944
Le commissaire envoie un long rapport au sous-préfet, dès le lendemain, sur ce tragique bombardement (source : archives départementales du Loir-et-Cher) : "J'ai l'honneur de vous rendre compte qu'au cours de l'alerte qui a duré le 4 juin courant de 19h33 à 21h04, de nombreuses escadrilles d'avions anglo-américains ont survolé la ville de Romorantin et ont lancé des fusées. Quelques instants plus tard, un bombardement assez intense était perçu au sud-ouest de Romorantin dans la direction de Pruniers et du camp des Landes. Suivant vos instructions et dès la fin de l'alerte, nous nous sommes portés sur les lieux et avons constaté qu' à environ deux kilomètres de Villefranche, au bord de la route qui va de Villefranche à Selles, au lieu-dit Sainte Marthe, de nombreux points de chute ont été relevés. Une auberge située à droite de la route et tenue par M. Berthau Clotaire a été complètement détruite. Parmi les occupants, on compte quatorze morts (dix hommes, trois femmes et une jeune fille) et sept blessés. Une section de gardes mobiles cantonnés à Villefranche assure le déblaiement et le transport des morts. A proximité du camp des Landes, la route est coupée en deux endroits par des bombes de fort calibre sur une longueur d'environ dix mètres. Autour de ces points de chute, de nombreux incendies se sont déclarés dans les bois de sapins situés au bord de la route et prennent une dangereuse extension. Plus loin, toute la partie du camp est des Landes est en flammes. Cependant, le silo, le château d'eau et les hangars environnants ne sont presque pas touchés. Près de la gare de Pruniers, au lieu dit Les Quatre Roues, plusieurs bombes sont tombées creusant des entonnoirs sur la route. Un mort et trois blessés ont été transportés de cet endroit à l'hôpital de Romorantin. Le bourg de Pruniers n'a subi aucun dommage. Par contre, les hangars métalliques du camp de Pruniers ayant échappé à la destruction des derniers bombardements ont été entièrement détruits. Il est à remarquer que, tant à Pruniers qu'au camp des Landes, des bombes incendiaires et explosives ont été employées. On peut évaluer à quatre cent environ le nombre de points de chute. Aujourd'hui en fin de matinée, nous avons été avisés que les incendies des bois mentionnés plus haut ont été circonscrits à 5 heures.
La liste des morts s'établit ainsi :
Lieu-dit Sainte Marthe, Berthau Clotaire, Toyer Gaétan, Giraudin Marcel, Bertrand Louis, Dessiaume Anselme, Villain Abel, Gadea Gracia (sujet espagnol), Souriaux Abel, Berthau Clotilde née Sarton, Faisant Dupont, Mascet Charlotte née Mer, Madmemoiselle Mascet Pierrette.
Dans un bois de pins face au camp, le corps de Monsieur René Lachiesa a été retrouvé décapité.
Pruniers, lieu-dit Les Quatre roues, Monsieur Barboux Camille (père de dix enfants).
On compte en outre à Saint-Marthe sept blessés et trois à Pruniers. Au cours de la nuit du 4 au 5 juin, trois personnes hospitalisées à Romorantin ont succombé à leurs blessures, à savoir Madame veuve Berthau et Monsieur Blaise. Tous deux ont été blessés au bombardement de Sainte-Marthe. Madame Saulat, chef de gare à Pruniers, a été blessée au cours du bombardement.