Le Mur des Baunes de Pruniers
Source : Société d'Art, d'Histoire et d'Archéologie de Sologne n°1, Premier trimestre 1987
Par Pierre VILLEDIEU

Au cours des siècles, le nom du mur a subi plusieurs variantes. Maître BOISSAY, notaire à Romorantin, possède un plan des lieux daté du 13 novembre 1673, où l'on trouve le nom de "BEAUNES" et situé "sur le chemin du Pont de Sauldre à Romorantin". Précisons qu'au XVIIème siècle, le "Clos des Beaunes" avait fait l'objet d'un "plan et mesurage" par les soins de Thimothée PETIT, arpenteur royal du baillage et comté de Blois à la requête du sieur DECHAMPLEROY en présence de deux témoins, Louis GAIN, vigneron, et de Claude PRUVOST, serviteur domestique du propriétaire.

Le clos contenait alors neuf arpents quarante perches carrées, soit 5 hectares, 71 ares, 63 centiares, d'après la table de conversion des anciennes mesures du Loir-et-Cher dressée par BELLANGE en 1806. Les vignes y figuraient pour 3 arpents un tiers, 2 perches, huit pieds comprises en onze parcelles. Le surplus était en terres labourables et friches. Au centre du clos était une petite maison de deux pièces avec bâtiment annexe, puits et potager. Un chemin de terre conduisait à la route où l'on accédait par une porte cochère.

Sur le cadastre de Pruniers datant de 1828, le lieu est indiqué "BEAUNES". Il en est de même sur le cadastre rénové de 1937, section E, °346.

Le 10 septembre 1930, suivant acte reçu par Maître GIRARD, notaire à Romorantin, lors de la vente par M. Pierre BESNARD à M. CHABLAT d'un terrain de 2 hectares, 20 centiares, le lieu-dit est appelé "Les Beaulnes". Le mur faisait alors partie de la propriété de Longueville.

La Nouvelle République du 2 janvier 1970 parle du mur "des BIAUMES", vestige du passé.

Pour le journal L'Indépendant de Loir-et-Cher du 22 novembre 1957, c'est le "mur des BIAUDES", et le journaliste de se demander pour quelle raison, et d'ajouter que personne, dans la région, ne l'appelle autrement. C'est bien en effet sous ce nom que le mur est connu, aussi bien à Pruniers qu'à Romorantin, et le restera sans doute encore longtemps.

Que savons-nous au juste de ce mur, dont l'histoire semble rejoindre celle du passé des environs ?
Son édification parait remonter au XVIème siècle. En effet, à cette époque, François Premier, qui faisait des fréquents séjours à Romorantin, attiré par la chasse en forêt de Bruadan, avait fait venir de Bourgogne, probablement des environs de Beaune, soixante mille pieds de vigne pour constituer un vignoble en direction de Villefranche-sur-Cher pour la plus grande partie et, pour le surplus, en direction de Pruniers.
D'après le plan de 1673, la longueur du mur est indiquée en perches, ancienne mesure correspondant à un pied de 3 centimètres. Le mur avait alors une longueur de 217 mètres, avec un retour sur un chemin allant de Longueville à la route. Précisons cependant que la construction du mur n'était pas alors tout à fait terminée en direction de Romorantin.
Actuellement, le mur a 250 mètres de long, 2,50 m environ de hauteur et 0, 50m d'épaisseur.
Au cours de la guerre de 1870, il fut percé de place en place de meurtières, destinées à contribuer à la défense des environs de Romorantin, mais qui ne furent pas utilisées par la Garde Nationale de la ville.
Le 18 mai 1985, vers 15 heures, une partie du mur s'effondra soudainement sur une quarantaine de mètres alors que rien ne le laissait prévoir. Peut être faut-il incriminer l'humidité de la base du mur consécutive aux pluies des semaines précédentes ? Toujours est-il qu'une romorantinaise, Madame JAFFRAY, qui passait à ce moment sur la route au volant de sa voiture, eut ses pneus arrière crevés en roulant sur les débris du mur. Les représentants des administrations intéréssées, P.T.T., E.D.F., D.D.E., ainsi que les gendarmes, se sont rendus sur place afin de procéder aux constatations nécessaires. Le mur, propriété en 1987 de M. et Mme GUENIN, a été réparé.

La vigne y est encore vivace, en 1996 les raisins ont été abondants.

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